Fort d'un paquet d'aventures (Herman Dune, Zombie Zombie et Ricky Hollywood pour ne citer qu'eux), le Nancéien Vincent Mougel lance à travers The Other Side Of Town son projet solo Kidsaredead. Un songwriting brillant et inspiré, Kidsaredead impressionne par ses trouvailles mélodiques et le brassage d'influences. Au cœur d'un imaginaire délicieusement 70’s, l'enfant de la Lorraine devenu Parisien tisse une pop complexe qui emprunte autant à Queen (Taking A Walk) qu'à Pavement si on voit un peu plus loin (Typical Captain Achab et sa composition nonchalante). Pourtant, ces influences et l'aspect rétro de ces chansons ne prennent pas le dessus et appartiennent de toute évidence aux temps modernes. Kidsaredead est une bonne nouvelle pop comme il est rare d'en entendre. Réelle promesse pour l'avenir, il nous tarde d'entendre la suite.
Qui es-tu Kidsaredead ?
Le genre de mec qui renverse des petits pois carottes sur sa chemise à la cantine.
Comment en es-tu venu à faire de la musique ?
Quand j'avais 5 ans, ma première prof de piano avait des photos d'elle un peu dénudée dans la pièce où elle donnait ses cours. Ca remonte à longtemps, c'est assez trouble dans ma mémoire, mais je me souviens que je les regardais d'un air hébété. Sinon, sur la pochette de mon greatest hits de Police, il y avait une photo de Sting en train de faire du yoga au bord d’une piscine à Hawaï, genre le succès n’est pas incompatible avec une vie spirituelle épanouie. Je crois que c’est ça qui m’a donné envie de faire rock star pendant mon adolescence. Heureusement, ça m’a passé.
Comment travailles-tu ?
Au début, j'enregistrais sur un 4-pistes puis je me suis acheté un 16-pistes. J’ai fait mes chansons tout seul jusqu’à maintenant, en jouant plus ou moins mal de tous les instruments.
Quelles sont tes principales influences ?
Après notre déménagement à Clouange, j’ai acheté Sticky Fingers des Rolling Stones et Harvest de Neil Young en promo au centre commercial AUCHAN près de chez mes parents. C’était cool. J’ai dû trouver pas mal de disques de Prince en promo là-bas aussi. J’ai fait l’acquisition de OK Computer le jour de sa sortie et je me suis tout de suite fait une cassette pour mon walkman. La même année j’avais aussi Wowee Zowee de Pavement en cassette et je l’écoutais tout le temps dans le bus. Le jour où j’ai découvert A Wizard, a True Star de Todd Rundgren, je l’ai écouté d’une traite dans ma chambre avec mon frère alors que mes grands parents étaient venus nous rendre visite. Quand j’ai eu la grippe en Angleterre, j’étais cloué au lit pendant deux bonnes semaines et j’écoutais des CD de MP3 fourrés de groupes Tropicalia (Os Novos Baianos, Caetano Veloso, Joyce…) que j’avais pompé chez Flóp.
Tu as dédicacé une de tes compostions à Karl Blau, comment l’as-tu rencontré ?
J'ai rencontré Karl Blau en première partie de Laura Veirs deux jours après avoir découvert the Microphones et Little Wings (groupes du label K records). Il jouait avec une pédale de boucle et il s'en servait comme d'un quatre-pistes en live de manière super casse gueule mais ses chansons était très touchantes. J'ai adoré et j'ai été le voir à la fin du concert et je ne sais pas ce qui m'a pris, je lui ai promis de faire une chanson en son honneur (en me disant que ça changerait des chansons sur les filles...). J'ai passé tout l'été à écrire mon mémoire de maîtrise et pendant les pauses je trouvais des nouvelles parties à la chanson, et comme j'ai été très lent à faire mon mémoire, je me suis retrouvé au final avec cette chanson de 6 minutes qui change toutes les trente secondes. Je lui ai envoyé en espérant qu'il la mette sur un des disques de sa collection mensuelle Kelp mais bon je crois que je dis trop Karl Blau dans la chanson et que par humilité, il a préféré l'écarter. Ou alors il l'a trouvé nulle. En tout cas, Kelp monthly recommence ce mois-ci et Karl Blau vient de sortir un disque intitulé AM qui est super cool, où il adapte notamment des poèmes de l'auteur de Winnie l'Ourson dans un style kurt cobainesque pas piqué des hannetons.
Au final, tu es plutôt Playmobil ou Légo ?
Héhé. Lego. C'est la base de l'overdub. En ce moment, j'essaye d'avoir une approche plus Playmobil de la musique mais c'est pas gagné.