Fell reviewed on Les Disques Dans La Peau. [...] Des compositions qui s'imposent au fil des écoutes comme des évidences, tels des bâtiments à l'architecture complexe dont la limpidité des lignes et des formes apparaîtrait soudain avec le recul, à mesure qu'on s'en éloigne et prend un peu de distance pour embrasser l'ensemble. Le passage du couplet au refrain ne se fait pas par les chemins balisés mais par des voies de traverse. Voire des passages secrets. À ces bases couplets-refrains s'ajoutent en général un pont ou une outro finement pensée et interprétée, réservant de belles surprises à l'image de la longue embardée instrumentale de trois minutes qui clôt We Get So We Don't Know, répétitive et minimale, emmenée par un piano à la Steve Reich. Ou de l'élégante coda du bien nommé I Can Fly, que survole telle une mouette un saxo moite. Car c'est là que se fait la différence. En altitude. Dans cette science du décollage, cette maîtrise de l'apesanteur. Appelons cela la grâce, s'il faut la nommer. Certains passent leur vie de songwriter à en chercher la formule en vain. John, il lui suffit de plaquer quelques accords de piano, comme on battrait des ailes, puis c'est l'envol. Allez savoir pourquoi... John Cunningham est né à Liverpool en 1969, l'année d'Abbey Road. Ceci explique peut-être cela.[...]