Bertrand Burgalat presents the album :
J’ai rencontré Hugo Chastanet il y a 25 ans, au Studio Madeleine, à Bruxelles, où j’ai eu le plaisir de l’enregistrer. Madeleine, malgré son nom, n’était pas un lieu particulièrement proustien : naguère fréquenté par Billy Preston, l’antre de Lou Deprijck était alors principalement consacré au doublage de films pornographiques softs.
Hugo était doux, lui aussi, exactement comme maintenant, talentueux, véritablement aimable. Il ne trichait pas. Son amour des chansons tricotées main était déjà anachronique, aujourd’hui la gentillesse et la beauté constituent la forme la plus pure de révolte, placer un pont ou un La bémol majeur sur Si bémol est un défi à l’ordre établi.
Après avoir chanté dans les trains de banlieue ou devant des fans de Pascal Obispo, Hugo revient avec cet album pur et dur, sans maquillage, qui met encore plus en lumière l’élégance de ses chansons. Les entrelacs de guitares, son jeu en arpèges ultra précis me font penser à des groupes comme The Lotus Eaters, The Sundays, ou au Genesis de Trespass, mais ce ne sont peut être pas ses sources d’inspiration les plus directes.
De toute façon ses admirations sont revendiquées, ainsi avec cette Marianne de Michel Delpech, et lorsqu’on écoute Tourony, le dernier titre, splendide, on peut imaginer ce que Personne comme toi, Je voulais de l’or ou Ce qu’est devenu le chien peuvent donner avec une autre instrumentation : ces Dix chansons naturelles et sauvages sont universelles. Elles doivent être protégées tel l’isard ou le lynx des Pyrénées, et leur créateur classé à l’Unesco.