Vincent Mougel a passé son enfance à Clouange, petite commune de la "vallée des anges" (Hagondange, Mondelange, Florange…) dans le bassin industriel lorrain de l’Est de la France, à quelques kilomètres de Metz. L’endroit, coincé entre une autoroute, un centre commercial et de vieilles usines décrépites, était idéal pour faire fermenter une rage intérieure chez l’enfant, qui le pousserait tout naturellement vers le heavy metal, le punk hardcore ou le rap le plus haineux.
Mais chez Vincent Mougel, rien ne s’est passé comme cela. Le gamin écoute la collection de rock progressif de son père et soigne ses chagrins d’amour avec les disques pop de sa mère. Sa découverte de la scène indie rock américaine des années 90 (Pavement, Dinosaur Jr, Beck…) lui révèle sa vocation musicale. L’adolescent enregistre des morceaux de musique dans la cave familiale. Son univers s’étale à travers des chansons portant sur les amours impossibles, les coups de foudre au supermarché, les îles désertes idéales, le charme des bus scolaires.
Vincent s’installe à Paris à la fin des années 2000 et commence à travailler avec des pointures du genre Herman Dune ou faire le bœuf avec des groupes comme Cascadeur, Zombie Zombie, Flodor Dream Dog, Ricky Hollywood ou Variety Lab. Il en vient tout naturellement à sortir son premier album sous le nom de Kidsaredead. L’homme est sur tous les fronts : écriture, composition, chant et guitares, claviers. Les parties de batterie sont assurées par des amis ou des parents de passage et le tout est produit du côté de Nancy, façon locale.
Et le résultat est des plus charmants. Sur "The other side of town", Kidsaredead profère une pop dansante et tapageuse qui ne rechigne pas de temps à autre à l’outrance pâtissière mais qui marque des points sur le terrain de la séduction et de la sincérité. Vincent Mougel se laisse aller à loisir dans de jolies bluettes innocentes au charme désuet évident ("School returnz"), semble ressusciter Supertramp sur des airs prog dansants stoppés net en 1978 ("Band from the past") et chasse avec classe sur les terres de Phoenix ou Pete Doherty ("Typical Captain Achab", "Taking a walk"). On écoute attentivement les paroles loin d’être niaises, évoquant les amours perdues ou le vague à l’âme ("Playmobil Todd"). D’ailleurs, ce "Playmobil Todd" est-il une allusion au grand Todd Rundgren ? L’idée vient à l’esprit car Vincent Mougel a tout le potentiel requis pour rejoindre le talent de Todd Rundgren dans la confection d’une pop aux tons si surannés qu’ils en redeviennent originaux. Et ça, il faut le faire.