Le nouvel album de Xavier Boyer s’intitule Some/Any/New. Dix ans après une première échappée solitaire qu’il avait présentée sous l’anagramme d’Axe Riverboy, le musicien, surtout connu pour piloter Tahiti 80 depuis le mitan des années 90, a cette fois choisi de livrer sans pseudo ce qui ressemble à son projet le plus introspectif.
« Ce sont des chansons qui ont été écrites entre deux relations, sur une longue période où j’ai vécu dans plusieurs endroits, plusieurs villes. » Un disque sans domicile fixe donc, dont les chansons racontent une transition. Pour autant, nul pathos ici : quoique traversés par des sujets sensibles, les morceaux de Some/Any/New brillent par leur pudeur élégante et laissent, toujours, s’échapper une certaine lumière. « Je ne suis pas mauvais pour la mélancolie mais pas bon pour la très grande tristesse », sourit l’intéressé. A l’écoute de son nouvel album, on pense d’ailleurs parfois à un autre maître du spleen doux : la légèreté acoustique de l’inaugural Stockholm Syndrome n’aurait pas détonné sur un recueil de Paul Simon. Surtout, Xavier Boyer illustre à nouveau ici ce qui transparaît dans chacun de ses disques : un sens de l’écriture (la gaîté contagieuse de At Bay et son refrain plein de soleil, l’élan irrésistible de Napoleon Columbus) et une vraie maîtrise de l’arrangement (Aside, Baby Cannon ou encore l’ultra efficace Cherry Cloud Panic). En somme, un art de la popsong éclatant – rare, et donc forcément précieux, de ce côté de la Manche.
Lorsqu’on l’interroge sur la conception de son nouvel album, Xavier Boyer vient tout juste de rentrer d’un « songwriting camp » en Angleterre : un stage consacré à l’écriture de tubes entouré d’autres compositeurs. Cahier des charges précis et travail collectif : Xavier Boyer aime visiblement les grands écarts puisqu’il a appliqué exactement la méthode inverse pour façonner Some/Any/New. Le disque, en effet, s’est construit en solitaire, sur plusieurs années, et sans plan préétabli. Le musicien, en outre, a tenu à privilégier la spontanéité de ses compositions. « Souvent, on écrit des démos, et ensuite on passe beaucoup de temps à rectifier le premier jet. Cette fois au contraire, je suis resté fidèle à la première idée, j’ai conservé des chansons honnêtes, assez dépouillées.. »
Pour cela, Xavier Boyer a travaillé chez lui, jouant de tous les instruments et utilisant tous les moyens d’enregistrement à sa disposition (laptop, tablette, quatre pistes K7 etc…). Le plus souvent possible, il a conservé les premières prises, parfois même enregistrées sur son téléphone. De temps en temps, un voisin ronchon venait se plaindre du bruit, et Xavier Boyer privilégiait alors des voix plus douces. De ce contexte est né un authentique disque de pop de chambre, un recueil au charme DIY et à l’esprit lo-fi chers à son auteur. « J’aime quand un artiste fait tout tout seul. Cela donne des disques avec une vraie proximité, fidèles, peu déformés. C’est pour cela que j’aime autant Chris Knox, Stevie Wonder, Paul McCartney ou Emitt Rhodes : ce sont des artistes qui font tout de A à Z. » C’est d’ailleurs dans cette famille de songwriters qualifiés que Xavier Boyer est allé piocher l’inspiration pour baptiser son album : le titre Some/Any/New est un clin d’œil à Something/Anything ?, l’album culte de Todd Rundgren.
Une fois ses chansons achevées, Xavier Boyer a rompu avec sa démarche solitaire en faisant appel au producteur Stéphane Laporte, dont il avait aimé le travail sur les disques d’Orval Carlos Sibelius. Cet automne, la paire se retrouvera pour jouer Some/Any/New sur scène. Avec la sortie dudit album, cela fait au moins deux bonnes raisons de se réjouir de la rentrée.