
Pedro Resende, le bassiste du groupe culte Tahiti 80, s’échappe en solo avec MaRadioStar, un projet de musique électronique.
Son premier album, intitulé 666, sort le 23 Mai 2025 sous le label Human Sounds. Cet opus est le fruit de ses explorations sonores avec des machines Roland (TR 909/808/606, TB303, SH101, Juno 60), qui lui ont inspiré le titre symbolique de l’album. « Je voulais travailler avec une palette de sons limitée, mais riche en possibilités », raconte Pedro. « En jouant avec les numéros des machines, je me suis rendu compte que ça faisait 666 (909-303+60). Ça m’a amusé de jouer avec cette mystique, et j’ai gardé cette équation pour tout l’album. »
Enregistré au studio Namabiru à Rouen, 666 a été conçu comme un live synthétique, où les machines jouent en simultané, dialoguent entre elles et créent des ambiances variées ainsi que des accidents sonores inattendus. Une fois les meilleurs passages sélectionnés, Pedro s’est rendu aux États-Unis, plus précisément à Fort Lauderdale, en Floride, pour mixer dans le studio d’Andy Chase, le producteur des premiers albums de Tahiti 80. Là encore, le processus était bien défini : « En poussant les fréquences graves et aiguës à l’extrême, je cherchais à introduire des éléments perturbateurs dans des mélodies pop », explique Pedro.
L’album se compose de dix titres, dont sept instrumentaux et trois chantés. Pour ces derniers, Pedro a invité des amis de longue date issus de la scène musicale française. On retrouve ainsi Julien Barbagallo, ex-membre de Tahiti 80 et actuel batteur de Tame Impala, sur Monolythe, un morceau reggae glitché hypnotique composé à l’aide d’une TR606 et d’un Juno 60. Sur Sheitana Nana, une rumba décalée, c’est Cléa Vincent, icône de la French pop, qui partage le micro avec Raphaël Léger, leur collaborateur en commun. Enfin, Maxwell Farrington, en vacances du groupe Superhomard, croone et rappe sur Happy Prince, comme s’il s’était échappé du dancefloor de la Hacienda, le club mythique de Manchester ayant appartenu à New Order.
Jouant sur les contrastes, 666 est un album qui oscille entre l’organique et le mécanique, le sombre et le lumineux, le minimaliste et le complexe. Il s’inscrit dans la lignée de Kraftwerk et de leur concept de Man Machine, où l’humain contrôle son environnement électronique et non l’inverse. En trame de fond, il y a aussi ce moment charnière en 1989, vécu par Pedro, où la musique indie s’est mélangée avec l’Acid House, le temps du Second Été de l’Amour. On peut également y entendre du Boards of Canada dans la façon dont les sons synthétiques sont traités et semblent prendre vie au fil des chansons. Est-ce le travail du diable ou d’une autre entité ? Gardons ce secret ! 666 est tout simplement un disque audacieux qui met en avant les qualités de producteur, d’arrangeur et de compositeur de Pedro Resende.