
A l’heure où règnent le tout plastique et l’écran numérique, où il est quasiment impossible de ressentir quoique ce soit devant une œuvre d’art contemporain, il est encore possible d’émouvoir avec une boîte à rythme …. et un clavier…... Il est encore des artisans et des peintres du dimanche qui mettront un peu de leurs troubles et de leur humanité au service de leur art. Certainement marchand de couleurs dans une vie antérieure, Med peint ses chansons avec une patience de bénédictin, distillant ses doutes dans ses petites compositions pop aux doux reflets d’eau où chacun pourrait s’y voir comme en un miroir. C’est donc le premier album solo de Médéric Gontier, guitariste de Tahiti 80. Là où le groupe ne s’était pas souvent aventuré en dehors de l’anglais, Med se sert de la langue française et la caresse dans le sens de ses mélodies. Produit avec l’aide de Pedro Resende, ce sont dix morceaux à la fois aériens et aquatiques, légers mais finalement d’une réelle consistance. Immédiatement pop (« Dans ses yeux »), réminiscence des grands compositeurs français des sixties (« Avec toi ») et avec eux celle des anglais de Broadcast à Vanishing Twin (« Muzak »).
C’est un peu l’heure pour le Normand de faire un bilan et pour cela, mettre le nez dehors, c’est l’école buissonnière, celle de ceux qui ne prétendront jamais meilleurs que les autres mais dont on gardera les disques près du cœur.