C’est peu dire que les fans l’ont attendu. Près de quinze ans après la publication de son précédent album, John Cunningham, « le songwriter le plus négligé d’Angleterre » selon les Inrockuptibles, est enfin de retour. Et son sixième disque ne décevra pas. Riche des mêmes arrangements soyeux que ses brillants prédécesseurs, porté par les mêmes élans mélodiques et les intuitions d’une pop aux sommets de l’élégance où la sophistication et l’immédiateté font bon ménage, Fell est un chef d’oeuvre du genre, hérité d’une culture mûrement intériorisée de l’orfèvrerie musicale. Fell est le disque des retrouvailles pour les fervents admirateurs de John Cunningham, et une sublime invitation à le découvrir pour les autres, qui commenceront peut-être par son oeuvre la plus évidente. Fell pourrait, en 2016, être tout simplement le disque de pop anglaise ultime. Marqué, comme l’indique son auteur, par l’empreinte de son pays.
« Ce sont des chansons venues du nord de l’Angleterre, nées entre les rochers escarpés et les landes d’un paysage où la poésie éclat comme une fleur sauvage. Un endroit où le désuet est prophétique et où la mode est encore au calme et à l’immobilité. Un pays où les pans de montages sont irrités par le vent tournant de l’industrie. Un pays à la merci de sa propre beauté, de ses gènes de l’ère glacière, ne faisant pas la différence entre ami et ennemi. Un endroit où la poésie peut trouver un dernier refuge. Un endroit fait de murs en pierres sèches, où vit un Dieu silencieux dans un rocher silencieux. » Amen.