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Coco Business Plan : pure affaire
Signé sur deux labels, un belge et un français, Coco Business Plan sort son premier album, Hold On, en septembre (CD+vinyle). La pépite est déjà écoutable, et regardable, sur YouTube avec titres clipés et estampillés clairement pop. Rue88 a rencontré le trio spinalien afin qu’il livre sa version de ses faits et méfaits.
« Here comes Coco Business Plan ! Here comes a very new indie-pop band from France ». Voici la première phrase de la bio des Coco Biz que je lis sur leur site, entièrement rédigé en anglais, avant leur interview programmée quelques jours plus tard à La Souris Verte. Waoh-la-vache, me dis-je, ça en jette, vais-je être à la hauteur questionneuse de ces jeunes gens modernes ? Ma sémantique sera-t-elle appropriée à l’exigence popeuse du band ? Je me pose alors la question qui me tue par avance : dois-je acheter les Inrock afin de parfaire mon vocabulaire indie-pop ? C’est là et nulle part ailleurs que j’y trouverai les mots pour parler d’égal à égal avec mes répondeurs. Des mots du style pop-épurée-minimaliste-juste géniale-aérienne-divine-évaporée. Je ne cède finalement pas à la tentation et n’achète pas l’hebdo.
J’écoute en boucle les morceaux du band huit-huitard. J’aime bien l’ensemble, je craque pour certains titres dont Tell me et le très enjoué Basket balls. OK, c’est de la pop, en apparence bien propre, mais au bout du compte, à l’image de ses instigateurs, insolite, blagueuse, voyageuse, ludique, cachottière, mélodique. Si le lead chant-guitare (Julien Bouchard) porte l’ensemble, il perdrait sa raison d’être sans la superposition, à défaut d’être en pole, d’un magique batteur bricoleur (Vincent Loisy) et d’une pièce rareportée faussement ingénue derrière son clavier, son xylo et ses mini-percus (Ottavia Simonin). Discussion.
AOC Coco Business Plan. Evidemment, le nom prête à confusion. D’autant que le groupe a vu le jour, de façon très éphémère, sous le patronyme de Quadricolor, en référence à un band scabreux de l’époque Pop Star. Mauvaise blague. «C’était pour notre premier concert, nous n’avions pas encore de nom, on nous a appelés comme ça le temps d’une soirée. On a vite fait ensuite une liste de noms pouvant nous correspondre. Deux sont ressortis : Coco et Business Plan. Ca nous a fait marrer, ça n’avait aucun rapport avec ce que nous faisions » (Julien). Inutile d’aller chercher plus loin, cette appellation, aussi troublante soit-elle, est un joke. N’y déceler aucune revendication hallucinatoire ou affairiste.
GB Comme c’est souvent le cas dans la pop tricolore, et non quadri, Coco Business Plan écrit ses textes en anglais. L’argument évoqué ne surprend pas. « Ecrire en français, c’est beaucoup trop dur, la langue est trop riche. Nous sommes très économes avec les mots, très imagés aussi. En français, pour nous en tout cas, cette démarche est quasiment impossible » (Julien). Cocoon & consorts ne démentiront pas. Sur ce genre de son, l’anglais résonne mieux.
FANS Même s’ils se connaissent depuis qu’ils sont ados, Vincent (hip hop) et Julien (rock indé) ne partagent pas les mêmes influences musicales. Pas plus qu’Ottavia (70′). L’alchimie est pourtant bel et bien là. « Au départ, on voulait juste faire de la musique ensemble, sans prise de tête. Pas besoin d’écouter les mêmes choses pour bien s’entendre. Il nous a juste fallu un peu de temps pour trouver le bon format des chansons et la façon de les faire sonner » (Julien). « Ce qui est toujours un peu le cas » (Vincent). Pour la petite histoire, il faut savoir que si Vincent mène une carrière d’artiste-peintre en parallèle de Coco, Julien développe de son côté ses propres projets de songwriter.
MODE Coco Business Plan est donc officiellement labellisé indie-pop. Le gang est en fait à moitié d’accord. « Nous sommes sans étiquette, hors du temps » (Ottavia). « Si, on peut dire que nous faisons de la pop » (Juien). « Surtout, on essaye de ne pas se prendre trop la tête » (Vincent). « Pour l’album, et ça sera la même chose pour le second, on a composé hyper vite. On fonctionne à l’instinct, on va à l’essentiel. La spontanéité, c’est notre marque de fabrique ».
FILLE Depuis un an et demi, les Coco ne sont plus deux, mais trois. Ottavia a rejoint le duo. « J’avais remarqué le petit cul du guitariste » (Ottavia). « On la connaissait, on savait que c’était la bonne» (Vincent). « On était à la recherche d’une troisième personne pour pouvoir restituer sur scène ce que nous faisions en studio. A deux, ce n’était franchement plus possible » (Julien). On confirme sans hésiter : Ottavia, princesse sans rire, s’est idéalement fondu dans l’univers des deux gaillards. Son apport percu-clavier-choeurs renforce l’aile glam-cool du band.
LIVE Hold On a été enregistré chez Microclimat, le studio spinalien de Dominique Marotel. Après son récent passage au JDM, Coco Business Plan, tout en préparant son second album, espère bien écumer les planches de France et d’ailleurs. Une date au Botanique est programmée. D’autres vont suivre. Vital. « Si on fait de la musique, c’est d’abord pour faire de la scène » (Julien). Les trois complices gardent d’ailleurs un souvenir mémorable de leur tournée effectuée l’an dernier avec Allon Beausoleil, ex-musicien live des Dandy Warhols. « Une tournée vraiment rock’n'roll » (Vincent). Ottavia et Julien confirment que l’instant ne fut pas triste. On les croit sur parole.
SOURIS C’est à La Souris Verte que s’est déroulée la rencontre Coco-rue88. Le trio y répétait avant son passage au Jardin de Michel, gros festival du Cinq-Quatre. Leur avis sur le lieu ? Synthétique. « C’est tout de même mieux de répéter ici que dans un garage. Maintenant, si ça peut faire bouger un plus la ville, tant mieux » (Vince).
Coco quiz
Ottavia Simonin, 27 ans, clavier, percus, xylo. Hobbies : naturopathie, alcool (bière)
Julien Bouchard, 16 ans1/2, chant, guitare. Hobbies : ping-pong, zamal
Vincent Loisy, 32 ans, batteur. Hobby : pétanque