Interview fleuve de Victor Roux sur le blog musical Soyons Désinvoltes.
[...] Soyons désinvoltes: En 2017, tu as sorti l’album « The world is all wrong but it’s all right ». Dans ce disque, il y a une liberté qu’on trouve peu dans les disques produits aujourd’hui en France. Il y a plein d’influence et de couleurs dedans. Comment le définirais-tu?
Grimme: Personnel. Il correspond vraiment à un moment précis de ma vie. Je n’avais pas vraiment prévu de faire un disque. J’ai fait une énorme transition dans ma vie du jour au lendemain, et j’ai eu besoin d’exprimer quelque chose pour me libérer d’un truc. Ce disque, ça a été un énorme cap pour moi. À Paris, j’avais des amis autour de moi qui réussissaient, mais en faisant de la musique un business, ce qui a toujours été à l’opposé de mes convictions même si j’avais envie de vivre de ça. Je n’arrivais plus à composer, je bossais avec des gens que j’appréciais, mais on ne se comprenait pas. Quand on parlait de musique, on ne parlait pas de la même chose. J’étais complètement perdu, et pas loin d’arrêter la musique. Et puis, j’ai eu un enfant. Pendant toute la période de la grossesse, tu attends, tu te dis que tu vas être père alors que t’es encore un gamin, que tu ne sais pas trop ce que tu fais là et où tu vas. Tu te dis que maintenant, il va falloir assurer. Ça m’a recentré totalement sur moi-même. Je me suis réconcilié avec mes envies de base, que j’oubliais un peu. Professionnellement, j’ai tout envoyé balader. J’ai quitté les partenaires avec qui je travaillais. À la naissance de mon fils, les morceaux sont sortis tout seul. Je me suis bloqué une semaine chez moi, j’ai fait défiler des copains en disant « Tiens, tu peux faire ci ? Tiens tu peux faire ça ? Tu n’as pas une idée ? ». L’album a été enregistré en une semaine, avec un pote. Je l’ai mixé à la maison et j’ai fait la pochette à partir d’un dessin d’une illustratrice auquel j’ai rajouté des trucs. Une fois le disque prêt, j’étais tout seul, sans aucun entourage pro. J’ai envoyé des mails à tous les gens que je connaissais pour leur présenter l’album, et de là, je n’en avais un peu plus rien à faire. J’avais fait le disque exactement comme je voulais, et savoir si ça allait plaire et si ça allait marcher, ce n’était pas important. Et finalement, le disque est sorti il y a un an, et il ne s’est jamais passé autant de choses pour moi dans la musique. J’ai rencontré des nouveaux partenaires, des gens qui me ressemblent, qui ont les mêmes valeurs que moi. J’ai fait 35 dates en 1 an et demi. J’ai rencontré un petit public avec qui on se comprend. C’est magique ! [...]