A l'instar de Peter Walsh et The Apartments, réapparus l'an dernier, grâce à Microcultures et le système du crowdfunding, avec le merveilleux No song, no spell, no madrigal, John Cunningham, songwriter de génie et pourtant méconnu, auteur de deux des plus grands albums pop des années 1990-2000, Homeless house et Happy-go-unlucky, et dont on était sans nouvelles depuis, hormis quelques participations ici et là (notamment pour Mehdi Zannad, aka Fugu, dont il a mixé la première version de Fugu 1)... revient lui aussi, quatorze ans après, toujours grâce à Microcultures et le financement participatif (moins de 7000 euros auront suffi), avec un nouvel album, Fell, son sixième, un vrai bijou, d'inspiration "lakiste", ballades lyriques et autres mini-symphonies pour évoquer les paysages, magiques, du Lake District, dix perles finement ciselées, de la pure pop, la plus british, les Beatles of course ("Let go of those dreams", "Something about the rain"), mais pas que... illuminée aussi de sunshine pop, brianwilsonienne ("Flowers will grow on this stony ground") et de quelques touches floydesques, celles par exemple de Richard Wright sur "Time", parce que John Cunningham c'est ça, une sorte d'osmose McCartney-Wilson (cf. le magnifique "Frozen in time"), les "Beachles", traversée de jolis ponts jazzy ("I can fly"), folky (la fin de "For the love of money", "While they talk of life") et de rock prog à petites doses ("We get so we don't know", eno-reichien, pinkfloydien, voire genesistique dans sa dernière partie, si si, le Genesis du début, le bon, celui des comptines). Bref "cunninghamien" et c'est parfait.