Faïence, c’est la réunion de deux musiciens aux parcours déjà riches, Médéric Gontier et Julien Bouchard. Ces deux-là se connaissaient déjà à travers le travail de l’autre pour lequel ils avaient le plus grand respect. Mais il a fallu une véritable rencontre pour que se nouent une vraie amitié et un projet musical qui se concrétise désormais sous la forme de ce premier EP.
Cette rencontre, c’était il y a des années de cela, à Liège, en Belgique lors d’un concert de Tahiti 80, groupe dans lequel le Rouennais Médéric est guitariste. Julien Bouchard était venu des Vosges pour assurer la première partie, avec son propre répertoire encore très anglophone mais déjà signé, comme les normands, sur le label Belge Hot Puma Records. Forcément, ils ont tout de suite accroché, se retrouvant sur pas mal de points, comme leur amour immodéré pour l’indé pop des années 90 et ses formations emblématiques comme Teenage Fan Club ou des artistes mythiques comme le chanteur Christophe. Des bases solides pour construire plus qu’une relation amicale : un groupe. En langue française, évidemment, celle des projets de Med depuis toujours, celle à laquelle Julien Bouchard s’est peu à peu converti.
Chacun trace sa route avec une écriture très différente mais publie des disques qui ont souvent été repérés par les mêmes amateurs de mélodies un peu bruitistes.
Les références musicales communes ont oeuvré comme par magie pour faire naître cinq premiers titres aux influences parfois très rock mais redoutablement « efficaces » car avant tout pop, tout simplement. Chacun amenant un titre, en consolidant de sa patte le travail de l’autre, ce premier EP est une confrontation en douceur de sensibilités et de styles, faite de leur propre aveu avec une facilité et une fluidité plaisante, qui s’entend.
Relations humaines aléatoires ou expériences inachevées sont venus inspirer les textes qui ont pris vie, musicalement parlant, dans le home studio de Julien à Epinal et celui d’Hadrien Grange (membre lui aussi de Tahiti 80, mais aussi du Klub des Loosers). C’est d’ailleurs ce dernier qui a mixé l’EP.
Ce premier disque emprunte son nom à un premier single entêtant, intitulé J’ai tendance. Le chant nonchalant de Julien ou la diction plus incisive de Med répètent à l’envi combien en toutes circonstances ils ont « tendance à [s]e perdre », mais si l’on aime l’âge d’or des 90s, les singles power rock de Blur ou les Dandy Warhols, on se repère très vite ! Ou plutôt on se « re-perd » dans ce titre immédiat qui appelle vite la touche replay…
Si l’on résiste à l’envie et qu’on laisse l’EP dévoiler sa seconde piste, Suis moi nous guide alors sur un format chanson un peu plus classique au refrain détaché. Alternant accords majeurs et mineurs tandis que la voix de Med souffle le chaud et le froid dans une sorte de spleen souriant qui fait souvent sa marque, le titre laisse déferler quelques guitares, jusqu’au final et son solo à la Dinosaur Jr typique du son de Julien.
Puis Dents longues s’essaye à une ritournelle pop mais énergique, comme un Franck Black un peu plus sucré et francophone. « Tu oublieras qui j’étais », mais le refrain te restera en tête…
Plus shoegaze, lancinant, De fou flirte ensuite aux extrémités de la chanson et du rock anglais, avec des mots qu’on n’a pas l’habitude d’entendre dans cette langue française décomplexée, pop finalement, et dans cet écrin où la richesse des arrangements n’empêche pas l’énergie.
Avec son titre encore emprunté à une langue française qui ne s’interdit rien, Askip vient conclure cette carte de visite musicale par une version demo. Comme pour annoncer la suite, comme pour rendre hommage aussi aux groupes des années 90s et consorts, clin d’œil aux vieux singles de Teenage Fanclub par exemple.
Un peu de Faïence dans les oreilles quand on n’est pas dans son assiette, ça fait un bien fou.